Réveiller l’engouement pour la musique traditionnelle

Depuis cinq décennies, la Professeure Phuong Oanh consacre sa vie au rayonnement de la musique traditionnelle vietnamienne en France. Malgré son âge avancé, elle continue inlassablement d’enseigner et de transmettre sa passion aux jeunes générations.

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Le club Phuong Ca Rennes se produit lors d’un événement mettant en valeur l’áo dài (tunique traditionnelle des Vietnamiennes) à Lorient, en France.

“Disposez-vous de quinze minutes chaque jour pour pratiquer la musique ?” Cette question, la Professeure Phuong Oanh la pose fréquemment aux apprentis qui prétendent être trop occupés pour apprendre un instrument de musique.

Si la réponse est affirmative, comme c’est souvent le cas, elle répond avec sagesse : “C’est excellent. Du moment que vous pouvez y consacrer quinze minutes chaque jour, vous pouvez apprendre la musique !”

Phuong Oanh, également connue sous le nom de Vo Quang Tùng Phuong Oanh, est la première Professeure vietnamienne à avoir enseigné la musique traditionnelle de son pays en France, et ce depuis 1978 au conservatoire Louis Kervoërn à Sevran, dans la banlieue nord-est de Paris. Pendant plus de cinq décennies, elle a formé des générations d’apprenants, et sa question simple mais profonde des “quinze minutes” est renommée.

Une inspiration éternelle

Huynh Phi Thuyên, qui s’est mariée à l’âge de 21 ans et s’est maintenant installée au Canada, a forgé une “carrière musicale familiale” au cours des trois dernières décennies. Ses trois enfants et elle se produisent ensemble dans “Phuong Ca Norvège”, un groupe de musique traditionnelle vietnamienne fondé à Oslo en 2003.

En emmenant son fils aîné, Tin Tin, au cours de musique de Phuong Ca Norvège alors qu’il n’avait que six ans, Phi Thuyên a été témoin de ses progrès remarquables. Tin Tin a obtenu un certificat de musique pour jouer du dàn tranh (cithare à seize cordes) dans une école de musique française sous la direction de la Professeure Phuong Oanh et maîtrise par ailleurs d’autres instruments vietnamiens tels que le dàn bâu (monocorde), le dàn nhi (erhu), et le dàn kim (luth à caisse ronde et à deux cordes).

Quynh Vy (gauche) et Tin Tin, deux membres du club Phuong Ca Norvège, interprètent la chanson "Mùa thu quê huong" (L’automne au pays natal).

Plusieurs années plus tard, Phi Thuyên a inscrit ses deux filles, Uyên My et Quynh Vy, dans la même classe.

Uyên My, aujourd’hui percussionniste clé de Phuong Ca Norvège, a élargi son répertoire avec la flûte en bambou, le t’rung, le tambour et le sênh tiên, en plus de son instrument principal, la cithare à seize cordes.

“Je me souviens encore de l’événement où la Professeure Phuong Oanh a aidé les membres de Phuong Ca Norvège à jouer ensemble avec de nouveaux instruments en une seule soirée”, se remémore Phi Thuyên. “Elle leur a appris à jouer des instruments qu’ils n’avaient jamais touchés ni joués auparavant”, ajoute-t-elle.

Malgré sa nature réservée, l’impact de ladite Professeure sur la promotion de l’apprentissage de la musique traditionnelle est indéniable. “Elle m’inspire à développer Phuong Ca Norvège encore aujourd’hui”, affirme Phi Thuyên.

Concilier passion et quotidien

Kim Thuong, responsable de Phuong Ca Rennes en France, se remémore ses premières rencontres avec la Professeure Phuong Oanh et la famille Phuong Ca. Travaillant en tant qu’employée dans une école, Mme Thuong ne pouvait consacrer que quinze minutes de sa pause quotidienne à la pratique de la musique. Son mari, Dao Tân Anh Truc, mécanicien, avait encore moins de temps libre. Malgré ces contraintes, le couple, avec leurs trois enfants, a réussi à poursuivre sa passion pour la musique.

“Quinze minutes sont précieuses pour moi”, partage Kim Thuong. “Grâce à la Professeure Phuong Oanh, j’ai découvert que l’apprentissage de la musique peut être agréable, intéressant, sans être trop stressant. Si je suis persévérante, je peux apprendre à jouer du +dàn tranh+ en seulement quinze minutes par jour”, confie-t-elle.

Kim Thuong a non seulement surmonté ses propres difficultés, mais a également soutenu ses filles, Tâm Anh, 13 ans, et Vân Anh, 11 ans, face aux défis qui comporte l’apprentissage de la musique. “Au début, il m’arrivait parfois d’être trop fatiguée pour m’entraîner. Voir mes enfants débordés de travail scolaire, s’entraîner après l’école suscitait ma compassion. Mais pour préserver leur héritage vietnamien, je devais rester engagée”, ajoute-t-elle.

En raison de cet engagement, cette mère de trois enfants a saisi l’opportunité en 2019 de lancer Phuong Ca Rennes, la neuvième branche de la famille Phuong Ca, avec l’aide de la Professeure Phuong Oanh.

“Pouvez-vous consacrer quinze minutes par jour ?” La question de la Professeure, posée il y a plusieurs années, résonne encore en Kim Thuong. Elle met en évidence la simplicité de commencer à apprendre un instrument, ce que beaucoup perçoivent comme intimidant. Grâce à cette question simple, Phuong Oanh a aidé d’innombrables apprenants à surmonter les barrières psychologiques des premières étapes de l’apprentissage.

Considérant ses élèves comme sa propre famille, la Professeure suscite des retours chaleureux et apprécie leur gratitude. “Merci pour votre patience. Je m’efforcerai de m’améliorer. La performance d’aujourd’hui était magnifique et inoubliable. J’ai adoré jouer avec vous tous”.

Pour cette enseignante dévouée, ces messages sincères sont plus précieux que n’importe quelle médaille ou récompense.

Texte et photos : Kim Thoa - Phuong Nga/CVN

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