La pénurie de personnel de maintenance va pénaliser durablement le secteur aérien

"Je veux commencer dans la maintenance, puis gravir les échelons” : Fariha Rahman, lycéenne new-yorkaise de 17 ans, prépare une carrière dans l'aéronautique et, plus particulièrement, dans la branche cruciale de l'entretien des avions, affectée par une pénurie "durable".

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Un technicien de maintenance de JetBlue, près d'un Airbus A320, à New York le 4 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une piste d'avenir, d'après l'étude 2024-2034 du cabinet Oliver Wan : la flotte mondiale devrait grossir d'un tiers d'ici 2034, pour dépasser 36.400 avions commerciaux. Dans son sillage, l'activité de maintenance, réparation et révision générale (MRO, en anglais) devrait s'étoffer de près de 20%, à 124 milliards de dollars.

Les quelque 4.000 entreprises de maintenance aux États-Unis emploient près de 185.000 techniciens de maintenance aérienne (AMT) et ingénieurs, soit environ 44% du total mondial, selon l'Association des stations de réparation aéronautique civile (ARSA).

Mais le secteur souffre d'une "pénurie" de main-d’œuvre qualifiée, estimée à 24.000 techniciens en Amérique du Nord et qui devrait atteindre près de 40.000 d'ici 2028, relève Oliver Wyman. La pandémie a poussé de nombreux baby-boomers à prendre leur retraite et, d'autres, à changer de travail.

Quelque 185.000 techniciens de maintenance aérienne sont employés aux États-Unis.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un manque de personnel que le réputé lycée de l'aviation, situé à Long Island près de New York, ne pourra combler malgré ses 2.000 élèves.

"Je ne pense pas que les Aviation High Schools auront la capacité de former assez de gens", souligne Steven Jackson, directeur du lycée spécialisé, le plus ancien des États-Unis. "Nous sommes l'un des plus gros lycées et il sera difficile pour nous d'aller au-delà".

"Super industrie"

L'école, l'une des 28 certifiées par l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA), forme de futurs AMT pouvant travailler directement après le lycée, ou poursuivre vers l'université. "Le marché du travail est bon actuellement et les salaires sont plutôt élevés donc, en ce moment, davantage partent travailler", selon M. Jackson.

Des employés de maintenance de JetBlue, lors d'une Semaine de découverte en entreprises pour lycéens, le 4 mars à New York.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Travailler dans la mécanique offre tellement d'opportunités, de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes", raconte Fariha Rahman, très enthousiaste, dans un hangar de maintenance de la compagnie JetBlue, pendant une Semaine de découverte en entreprises.

"C'est une super industrie. Il y a tellement d'emplois différents, tellement d'avantages sociaux, de possibilités de réductions sur les vols et autres produits", renchérit sa camarade Gaby Moreno, 15 ans.

Selon Pascal Fabre, spécialiste du secteur chez AlixPartners, l'un des "défis est la main-d’œuvre et la formation de techniciens de maintenance, qui doit être accélérée". Pour stimuler l'attractivité de la maintenance aéronautique, le Congrès a adopté une loi en 2018 permettant à la FAA de verser des subventions ad hoc.

Des Boeing 737 MAX à l'usine de l'avionneur à Renton (Etat de Washington), le 25 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ainsi, 13,5 millions d'USD ont été attribués début mars à trente-deux écoles, dont vingt spécialisées dans la formation d'AMT. Selon le régulateur, environ 20.000 personnes de moins travaillent dans la maintenance aérienne par rapport à la pré-pandémie.

"Parce que ces emplois sont fondamentaux" pour le fonctionnement du secteur aérien, une "pénurie durable pourrait limiter la croissance de l'industrie" tout entière, prévient Oliver Wyman.

Formation "accélérée"

Dans ses perspectives 2023-2042, Boeing prévoit que la demande en personnel qualifié restera "forte", avec un besoin de 690.000 nouveaux employés de maintenance dans l'aviation commerciale mondiale (avions de plus de trente sièges) sur cette période.

Une employée d'Airbus fait des vérifications d'étanchéité sur un A350, dans l'usine de Bouguenais (Ouest de la France), le 29 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le secteur MRO "est en sous-capacité, les créneaux de maintenance dans les hangars sont en forte demande, d'autant plus qu'avec les retards de livraisons des avionneurs, on fait voler plus longtemps des avions plus vieux, qui nécessitent plus de maintenance", pointe M. Fabre.

Les constructeurs Boeing et Airbus affichent complet jusqu'à, quasiment, la fin de la décennie et cumulent les retards. Mais les compagnies aériennes multiplient les commandes, désireuses de répondre à la forte demande des voyageurs et de disposer d'une flotte moins gourmande en carburant.

"La pression pour produire et les départs à la retraite peuvent avoir contribué à certains problèmes de contrôle qualité qui gangrènent le secteur", note Oliver Wyman. Selon plusieurs experts, ces départs ont entraîné une perte du transfert de savoir-faire entre anciens et nouveaux techniciens.

Depuis un an, Boeing a subi moult problèmes de production et incidents, ayant culminé début janvier avec un 737 MAX 9 d'Alaska Airlines, neuf, qui a perdu une porte-bouchon en vol. Cette accumulation a provoqué le départ du patron de l'avionneur Dave Calhoun, prévu fin 2024, et le remaniement de la direction.

M. Calhoun avait été nommé pour redresser Boeing après le crash de deux 737 MAX 8, à cause de défauts de conception, en 2018 et en 2019 (346 morts). La compagnie United Airlines se trouve également dans le viseur de la FAA, qui passe en revue ses procédures de sécurité après plusieurs incidents ces dernières semaines.

AFP/VNA/CVN






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