Le rap fait battre le cœur des jeunes vietnamiens

Le rap est devenu l’un des genres musicaux les plus prisés au Vietnam, surtout chez les jeunes qui le considèrent comme un véritable moyen d’expression et d’affirmation. Désormais influent, il a pourtant dû faire sa place pour s’imposer.

>>Un souffle de fraîcheur sur la musique vietnamienne

>>La VNA publie une chanson contre les fake news en 15 langues

Les membres du jury de "King of rap", une émission de rap sur la télévision nationale.
Photo : KOR/CVN
Photo : KOR/CVN

Introduit au Vietnam au début des années 2000, le rap est en effet passé par des hauts et des bas au cours de ces deux dernières décennies. Tantôt populaire, tantôt objet d’indifférence, il semble désormais qu’il se soit durablement installé dans le milieu musical vietnamien.

Une vraie tendance

Au fil des années, le rap acquiert une popularité de plus en plus grande chez les jeunes viet-namiens. Ses vidéos comptent des millions de vues sur YouTube.

Actuellement, le nom des "King of rap" (Roi du rap) et "Rap Viêt" (Rap vietnamien), deux émissions télévisées à la recherche de nouveaux talents de rap, est sur les lèvres de tout le jeune public vietnamien. Nombreux sont ceux qui considèrent que le rap coule dans leur sang. Le rappeur Ngan (Court), de son vrai nom Luu Ðat, 26 ans, est normalement une personne introvertie. Toutefois, il se transforme avec le rap qui lui permet d’exprimer ce qu’il pense et ressent. "Je mets tous mes sentiments et pensées dans la diction. Je suis vraiment passionné par le rap", indique-t-il.

Quant au rappeur Sóc Nâu, âgé de 20 ans, il est habité par le rap depuis des années déjà. "Le rap me permet d’être moi-même et d’exprimer ma personnalité. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir partager autant que possible sur la vie et les gens qui m’entourent", explique-t-il.

Lors d’un spectacle de rap de collégiens de Quang Trung à Hanoï en septembre.

Nguyên Thanh Tuân s’est converti au genre depuis qu’un titre l’a touché au point de le faire pleurer. "Quand j’ai écouté la chanson +Chi còn là hôi uc+ (Il ne reste plus que des souvenirs, interprétée par Lê Vu Ngoc Anh, dont le nom de scène est Nul Northside, ndlr), chaque mot et chaque vers m’ont vraiment et profondément marqué. Depuis, je trouve le rap passionnant", affirme-t-il.

Nguyên Thành Tôn, étudiant de l’Université d’économie et de finance de Hô Chi Minh-Ville, estime que le rap repose sur des mélodies qui "vont directement dans les oreilles, des rythmes impactants et des vers très originaux par rapport aux autres genres musicaux".

Difficultés vaincues par la passion

Le rap et les rappeurs ont donc trouvé leur public. Toutefois, avant d’avoir pu rencontrer le succès tant désiré, certains chanteurs aujourd’hui célèbres ont dû énormément se battre. Dotés de très peu de moyens, ils ont traversé les difficultés avec la seule force de leur passion.

L’une des difficultés les plus importantes rencontrées par ces jeunes artistes résidait notamment dans le regard de leur entourage. La famille du rappeur Ngan faisait tout pour l’empêcher de faire carrière dans le rap : "Chaque fois que j’achetais un disque de rap, mon père le cassait en morceaux. Certains de mes voisins, eux, méprisaient mon travail et ma passion. Il y a une dizaine d’années aussi, je n’avais assez d’argent pour m’équiper en matériel de production. Tout était vraiment difficile mais l’amour du rap m’a permis de passer outre tout ça". Ngan est aujourd’hui l’un des candidats les plus prometteurs de l’émission "King of rap".

Représentation de rap d’un élève du lycée Quang Trung à Hanoï.
Photo : Nguyên Lê Nhât/CVN

Le rappeur Wowy - de son vrai nom Nguyên Ngoc Minh Huy, personnalité du rap vietnamien et membre du jury de l’émission "Rap Viêt" - devait emprunter des disques de rap car il ne pouvait pas se les acheter. Quant à son premier studio d’enregistrement, il se situait… dans le placard de la maison familiale. Il devait s’y enfermer, les portes bien closes, pour ne pas enregistrer les nuisances sonores de l’extérieur ni être entendu. "C’était suffocant, il y faisait très chaud, je transpirais de tout mon corps pendant mes enregistrements", raconte-t-il.

Wowy ne peut oublier ses débuts dans le rap. Sa famille ne le croyait pas sérieux dans ses ambitions et il a dû subir les préjugés et les opinions défavorables de son entourage. "Mais comme tous les passionnés de musique, j’ai fait de mon mieux pour m’améliorer en tant qu’artiste et pour contribuer à changer l’opinion des gens sur ce genre", explique-t-il.

Aux yeux de Lil Shady, coach dans l’émission "King of rap", surnommé "Le prince du rap vietnamien", cette musique a rencontré beaucoup de difficultés au cours de son développement, surtout à ses débuts quand elle a commencé à s’implanter au Vietnam.

"À l’époque, nous n’avions pas assez d’outils pour faire de la musique et enregistrer. Et comme la technologie et Internet n’étaient pas développés comme aujourd’hui, on avait très peu d’informations et de connaissances sur la composition et l’interprétation de morceaux de rap", se souvient-il. Selon lui, c’est la passion qui a joué un rôle déterminant dans le développement du rap et son succès, "pour qu’il fasse sa place dans le Panthéon du showbiz vietnamien à l’heure actuelle".

Mai Quynh/CVN


Âge d’or du rap vietnamien

Selon le rappeur Wowy, "il faut travailler. Il est évident que tout est nouveau et approximatif au début, les difficultés seront grandes et inévitables. Par contre, les efforts porteront toujours leurs fruits. On est maintenant entré dans l’âge d’or du rap vietnamien, on y a accès facilement et il a le soutien du public. Les jeunes générations, en apprenant des expériences et des leçons des précédentes, peuvent choisir la direction qu’ils veulent pour développer leur propre musique".

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top