Hà Minh Khôi, jeune maître en art floral

A 29 ans, Hà Minh Khôi a 10 ans de travail en art floral. Talentueux et passionné, Khôi a été le premier Vietnamien à devenir membre de l’Institut américain de design floral (American Institute of Floral Design- AIFD). Il vient d’être sélectionné par la revue Forbes Vietnam comme l’une des "30 figures de moins de 30 ans les plus remarquables du Vietnam en 2020".

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Hà Minh Khôi : "Pour un décorateur floral, l’important c’est la passion".

"Pour un décorateur floral, l’important c’est la passion", exprime Hà Minh Khôi, patron d’une boutique de fleurs dans la rue Hô Xuân Huong, à Hanoï.

Khôi considère que la création de compositions florales est un travail à la fois exigeant et stressant. Le décorateur floral travaille avec soin et minutie. Une bonne résistance au stress et une capacité à rester concentré en dépit des événements sont aussi des atouts. "Les fleurs sont fragiles, leur beauté et leur fraîcheur dépendent des conditions climatiques… ", ajoute-t-il.

Issu d’une famille pauvre de 9 frères et sœurs de la province de Bà Ria Vung Tàu (Sud), Hà Minh Khôi a aidé financièrement ses parents dès l’âge de 8 ans, avec ses frères et sœurs, en travaillant dans les champs de maïs ou les vergers d’abricotiers…

Cette pauvreté n’a pas empêché sa maman, Nguyên Thi An, 68 ans, d’avoir toujours une passion pour les fleurs. "Parfois ma mère n’avait que 30.000 dôngs pour faire les courses mais consacrait quand même 10.000 dôngs à l’achat de fleurs !", raconte Khôi. Lors de l’anniversaire de ses enfants, Nguyên Thi An leur offrait toujours un vase de fleurs.

Cet amour pour les fleurs a été transmis à son fils Khôi. Enfant, il allait souvent à l’église, demandant aux sœurs de l’aider à composer des vases de fleurs. Son premier commerce de fleurs, Khôi l’a débuté au collège, à l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars. Après le bac, Khôi est parti pour Hô Chi Minh-Ville pour faire son apprentissage chez un fleuriste. À l’époque, le jeune homme rêvait de gagner sa vie ainsi. Son premier travail, ce fut de couper et traiter les fleurs pour préparer la composition florale du patron. Assidu, Khôi travaillait sans relâche et apprenait le métier en lisant, étudiant les techniques de conservation des fleurs et autres végétaux, de création des compositions florales à l’aide de fleurs certes, mais aussi de feuilles, d’herbes ou d’autres matériaux végétaux… Après 2 mois d’apprentissage, il était fin prêt pour ouvrir sa boutique.

Un talent impressionnant

Khôi a d’abord cherché du travail chez un autre fleuriste dont le patron lui a conseillé de parfaire son apprentissage avec des professionnels étrangers. "Ce qui m’a permis de conserver ma passion, c’est le travail et l’étude sans cesse", confie-t-il. Ses compétences s’améliorant sans cesse, Khôi gagne la confiance des clients de la boutique tenu par un étranger. Son talent impressionne son patron qui lui conseille de participer à un concours pour devenir membre de l’Institut américain de design floral (AIFD-American Institute of Floral Design). Il s’agit d’une institution créé en 1965 et qui est dédiée à la reconnaissance et à la promotion de l’art du design floral en tant en carrière professionnelle.

Participant à l’examen de l’AIFD, Khôi s’est qualifié pour la partie théorie, répondant pendant 40 minutes à 50 questions sur l’art de la composition florale. Cependant, le jeune homme n’a pu partir aux États-Unis pour participer à l’examen pratique. Il a échoué à obtenir le visa car son niveau d’anglais n’était pas satisfaisant. Pour l’améliorer, Khôi a suivi un cursus de 6 mois, ce qui lui a permis d’obtenir enfin le fameux visa.

En 2016, Khôi est parti aux États-Unis pour participer à l’examen pratique de l’AIFD. A l’âge de 25 ans, il est devenu le premier membre vietnamien de cet institut.

Son nom est devenu au fil des années de plus en plus connu. A l’occasion de Noël 2016, Khôi a même été invité en France afin de créer une œuvre pour la couverture (numéro printemps) du magazine Nacre, revue tendance d’art floral. Le jeune artiste, qui s’est inspiré du printemps japonais, a composé une œuvre spéciale avec des renoncules, jacinthes, tulipes et lis glorieux, dégageant une belle harmonie tant en termes de composition que de couleurs.

Une œuvre de Hà Minh Khôi parue sur la couverture (numéro printemps) du magazine Nacre, revue tendance d’art floral.

En 2018, Khôi a remporté le premier prix de la Vietnam International Floral Expo, concours de composition florale qui a vu la participation de 14 candidats originaires de 14 pays et territoires.

Fin 2019, Khôi a ouvert sa boutique à Hanoi, dont le chiffre d’affaire mensuel oscille entre 300 millions et plus d’un milliard de dongs. Nguyên Lê Dôn Vinh, un collaborateur, a fait savoir que Khôi travaille passionnément, précisant que "pour préparer une événement, Khôi a travaillé 3 jours et 3 nuits sans interruption. A cause du stress et du manque de sommeil, il a saigné du nez et on a dû le perfuser". D’après Dôn Vinh, "Khôi est un perfectionniste et un passionné. Pour composer une œuvre, ce qui compte le plus pour lui, c’est la beauté, ce n’est pas le bénéfice qu’il peut en tirer".

Nguyên Chi Thành, 41 ans, organisateur d’événements, dont des mariages, estime que Khôi est un décorateur subtil qui aime passionnément son métier. "Khôi se passionne pour son métier, et il va parfois au-delà de ses limites physiques", dit Thành.

Un travail à la fois
exigeant et stressant

Pour préparer des événements, le décorateur travaille souvent dans le stress. Khôi se souvient toujours des fois où les fleurs commandées à l’étranger sont arrivées tard au Vietnam, ou leur qualité n’était pas satisfaisante. Ces incidents ont coûté cher au décorateur. Pour préparer un grand événement, un mariage par exemple, Khôi examine le lieu, concevoir un plan, commande les fleurs et exécute le cadre des compositions. Tout cela prend entre 4 et 6 mois.

Khôi suit régulièrement des stages en Malaisie, aux Pays-Bas, en France, au Japon et aux États-Unis… "Un des maîtres qui a eu beaucoup d’influence sur ma carrière m’a dit un jour : un compositeur floral doit avoir l’âme pure, sensible et le cœur ému devant la beauté. L’artiste doit aussi avoir de la technique, de l’expérience et pour cela, il faut étudier sans cesse. Plus j’étudie ce métier, plus je découvre de belles choses".

Ce printemps, Khôi a réalisé une autre œuvre florale qui est apparue pour la seconde fois sur la couverture de la revue Nacre. Une bonne nouvelle lui est arrivée fin 2019 : il a été élu par la revue Forbes Vietnam parmi les "30 figures de moins de 30 ans les plus remarquables du Vietnam en 2020".

Actuellement, Khôi anime aussi des ateliers en art floral en faveur de passionnés qui n’ont pas d’objectif professionnel, et qui souhaitent juste parfaire leur technique, pour le plaisir. Le jeune maître s’intéresse aussi à un autre groupe de personnes, celui des femmes enceintes, avec comme souhait de les initier à la décoration florale comme moyen de se détendre, de goûter à la vie.

Texte et photo : Hoàng Hoa-HMK/CVN

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