Présidentielle au Sri Lanka : Rajapaksa en tête des premiers décomptes

Gotabaya Rajapaksa, le candidat du puissant clan ayant gouverné le Sri Lanka d'une main de fer durant une décennie, était largement en tête de l'élection présidentielle, selon les premiers résultats dimanche matin 17 novembre.

>>Présidentielle sous tension au Sri Lanka

Le candidat Gotabaya Rajapaksa vote à l'élection présidentielle à Colombo le 16 novembre 2019.

L'ex-ministre de la Défense du pays et petit frère de l'ancien président Mahinda Rajapaksa (2005-2015), avait rassemblé 52,87% des voix, contre seulement 39,67% à son principal adversaire, le candidat du parti au pouvoir Sajith Premadasa, après le dépouillement d'un demi-million de votes, selon la commission électorale.

Le candidat de la gauche Anura Kumara Dissanayake occupait la troisième position, très loin derrière, avec 4,69% des voix. Il y a au total 35 candidats.

Le président de la commission électorale Mahinda Deshapriya a précisé qu'au moins 80% des 15,99 millions d'électeurs avaient participé au vote de samedi 16 novembre. La participation s'était élevée à 81,5% à la présidentielle de 2015.

Les résultats pourraient être connus dès dimanche à 06h30 GMT si un candidat a une majorité claire, mais seulement lundi 11 novembre si le score se révèle serré. Des inondations dans certaines régions pourraient retarder les opérations de dépouillement.

Quelques heures avant le début du scrutin, des hommes armés ont ouvert le feu sur un convoi d'une centaine de bus transportant des électeurs musulmans, sans faire de blessés, a annoncé la police. Deux électrices faisant partie du convoi ont plus tard été blessées lorsque des assaillants inconnus ont bombardé leur bus de pierres, selon la même source.

Retour de la fratrie

Dans une zone à majorité tamoule du nord du pays, la police a aussi signalé à la Commission électorale des barrages illégaux de l'armée susceptibles d'empêcher des électeurs d'aller voter. Les forces de l'ordre ont également arrêté 10 hommes suspectés "d'essayer de créer des troubles".

Le vote des musulmans et des tamouls, minorités globalement défavorables aux puissants Rajapaksa, pourrait jouer un rôle crucial dans ce scrutin. Les observateurs interprètent ces incidents comme des tentatives de faire baisser le taux de participation de ces populations.

De telles tactiques sont courantes au Sri Lanka, pays de 21 millions d'habitants ayant émergé il y a 10 ans de quatre décennies d'une guerre civile qui a fait 100.000 morts.

"C'est l'élection présidentielle la plus pacifique que nous ayons eue dans ce pays", a toutefois déclaré M. Deshapriya. 85.000 policiers étaient mobilisés pour le scrutin.

Lieutenant-colonel à la retraite, Gotabaya Rajapaksa est pour cette élection le représentant de la sulfureuse famille des Rajapaksa. L'ancien militaire était l'une des clés de voûte du régime de son frère Mahinda, empêché par la Constitution actuelle de se présenter, et son élection marquerait le retour aux affaires de la fratrie.

En tant que plus haut responsable du ministère de la Défense à l'époque, Gotabaya commandait de fait les armées sri-lankaises au moment de l'écrasement de la rébellion séparatiste tamoule en 2009. 40.000 civils tamouls ont péri au cours de cette ultime offensive, selon les défenseurs des droits humains qui accusent les Rajapaksa de crimes de guerre.

"Escadrons de la mort"

Des partisans du candidat du parti au pouvoir UNP, Sajith Premadasa agitent des drapeaux lors du vote pour l'élection présidentielle au Sri Lanka, le 16 novembre 2019, à Colombo.

Ce bain de sang avait sonné la fin de 37 ans de guerre civile et vaut aux Rajapaksa d'être adulés au sein de la majorité ethnique cinghalaise, mais détestés et craints par la minorité tamoule qui constitue 15% des 21,6 millions de Sri-Lankais.

La posture d'homme fort adoptée par Gotabaya, qui promet de combattre la corruption et l'extrémisme islamiste dans une nation traumatisée par les attentats jihadistes du 21 avril qui ont fait 269 morts, lui vaut le surnom de "Terminator" au sein même de sa famille.

Par contraste, son principal rival Sajith Premadasa, fils du président Ranasinghe Premadasa assassiné par la guérilla en 1993, est un responsable politique discret qui espère mobiliser le vote des femmes en promettant d'améliorer l'hygiène menstruelle.

Gotabaya Rajapaksa est notamment accusé - ce qu'il nie - d'avoir dirigé sous la présidence de son frère des "escadrons de la mort" qui ont enlevé à bord de camionnettes blanches des dizaines de Tamouls, d'opposants politiques ou de journalistes. Certains de leurs corps ont été ensuite jetés sur la route, d'autres n'ont jamais été retrouvés.

Un retour au pouvoir des Rajapaksa préoccupe aussi l'Inde voisine et les Occidentaux en raison de la proximité du clan avec la Chine.

Pékin a prêté des milliards de dollars au Sri Lanka pendant les deux mandats de Mahinda Rajapaksa pour de grands projets d'infrastructures, une dette colossale qui place ce pays stratégique de l'océan Indien dans une situation de dépendance vis-à-vis de la Chine.

AFP/VNA/CVN

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