Mondial de breakdance : l'art d'être un athlète

Artistes ou sportifs ? Invités à rejoindre la famille des Jeux olympiques, les breakdancers font débat.

>>Finale mondiale : le breakdance fait son cinéma à Bollywood

>>Des stars mondiales du breakdance font monter la fièvre à Montpellier

Le breakdancer brésilien Mateus de Sousa Melo aka Bart (droite) lors des battles (duels) en finale du Mondial, le 9 novembre à Bombay.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les breakdancers utilisent leur corps comme une balle rebondissante et créent des mouvements complètement tordus. Nourris à la culture hip hop, les breakdancers signent des prouesses particulièrement physiques et se confrontent lors de battles (duels). Leur summum est le Red Bull BC One, la grande finale mondiale qui s'est jouée samedi 9 novembre à Bombay.

Avec des noms de scène (b-boy ou b-girl) et collés à la musique, ils évoluent dans un univers artistique. Pourtant le Comité international olympique (CIO) a choisi de les intégrer lors des Jeux de 2024 à Paris.

"Il y aura le label 'sport' mais, évidemment pour moi ce n'est pas du sport. Le break, c'est tellement spécial. C'est impossible de dire qui est le meilleur, il y a tellement de styles différents, c'est comme en musique", défend auprès de l'AFP le b-boy Menno, vainqueur samedi 9 novembre pour la 3e fois de sa carrière.

"Mais appelons ça un 'art-hlète' si vous voulez !", lance le Néerlandais, qui ne veut néanmoins pas manquer le rendez-vous olympique afin de montrer au monde entier ce qu'est vraiment le breaking.

La communauté est en général mal perçue par le grand public, qui ne voit que des gars à capuches, traînant dans la rue et qui "nettoient le sol".

"Plus dur que la gym"

"Les mentalités n'ont pas changé en dehors du milieu. C'est vrai qu'avant, c'était souvent les gens de milieux défavorisés attirés par cette danse mais de nos jours, tu peux trouver tout type de personne, de tout type de milieu social", souligne le b-boy français Khalil.

Tous ne voient dans les JO qu'une gigantesque scène pour montrer leur réalité, celle d'artistes au profil athlétique qui évoluent au sol en effectuant des mouvements très aériens avec les jambes, jouent les équilibristes sur une main, sans oublier de tourner sur la tête, acte fondateur du breaking ! Avec une seule règle : "exprime qui tu es".

"C'est d'abord de l'art", relève Bumblebee, l'un des meilleurs au monde et fer de lance de la nouvelle génération.

"Je m'entraîne chaque jour comme un sportif, on ne va pas à l'entraînement juste pour danser, mais tu dois répéter des mouvements mille fois, c'est très dur. Avant je faisais de la gymnastique, et je peux dire que le breaking est beaucoup plus dur", poursuit le Russe de 19 ans, devenu le premier médaillé d'or du breaking lors des Jeux olympiques de la jeunesse en 2018.

Créer

Un breakdancer (centre) lors des battles (duels) en finale du Mondial, le 9 novembre à Bombay.
Photo : AFP/VNA/CVN

Hygiène de vie saine, yoga, kiné, ostéopathie: les breakdancers passés pros ont tous intégré les éléments de la performance du haut niveau. Même s'ils assurent qu'il est compliqué de désigner le meilleur, ils courent les compétitions, dans un mode confrontation en duel, les "battles". Cinq minutes d'un jeu de questions/réponses dont les arguments sont des mouvements de danse.

"Les battles, j'adore", souffle Bumblebee. "C'est une histoire de performance. La battle c'est comme en boxe, au foot, une équipe contre une autre équipe, c'est la compétition. Tu regardes ton adversaire, son comportement, ce qu'il fait, tu dois répondre et pas seulement faire ton show. En boxe, c'est avec les poings, en breaking, c'est avec la danse, c'est la même chose."

Il y a cependant une différence notable pour l'Autrichien d'origine marocaine, Lil Zoo.

"Dans le sport, les gens sont comme des machines, ils utilisent leur corps pour accomplir des mouvements. En breaking, tu dois créer, tu as besoin de la musique, d'être original, tu dois le vivre", précise-t-il.

Le label olympique fera-t-il du breaking un sport à part entière ? Jamais de la vie ! répond la légende américaine du breaking Crazy Legs.

"Est-ce que c'est un sport parce que quelqu'un a décidé de l'appeler sport ? Je ne pense pas qu'ils (le CIO, ndlr) ont le droit de venir et nous dire ce que c'est, alors que c'est nous qui l'avons créé", se rebelle celui qui a co-fondé dans les années 70 à New York le mythique Rock Steady Crew, tout premier groupe de breaking du genre.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top