Boeing accusé d'avoir caché des documents cruciaux sur le 737 MAX

La crise du 737 MAX s'est aggravée vendredi 18 octobre, le régulateur de l'aérien américain accusant Boeing de lui avoir caché des documents importants, notamment un échange entre employés révélant que le système automatique, le MCAS, qui devait empêcher l'avion de partir en piqué, le rendait difficile à piloter en simulateur.

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Le 737 MAX de Boeing, impliqué dans deux accidents et qui avait été homologué et autorisé à voler par le régulateur aérien américain en 2017, a depuis été cloué au sol à travers le monde

Dans cet échange sur messagerie instantanée qui date de novembre 2016, soit un an avant la certification du 737 MAX, Mark Forkner, à l'époque un pilote de Boeing, disait à un collègue à propos du MCAS : il "déraille dans le sim (le simulateur, ndlr)".

"Bon je t'accorde que je suis nul en pilotage, mais ça c'était scandaleux", poursuivait le pilote dans cette conversation avec un collègue, Patrik Gustavsson.

Ce dernier a fait remarquer qu'il allait falloir actualiser les instructions dans le manuel de vol.

De fait, huit mois avant les échanges rendus publics vendredi 18 octobre, M. Forkner avait demandé à l'agence fédérale de l'aviation (FAA) s'il pouvait ne pas faire mention du MCAS dans le manuel de vol.

Le régulateur, convaincu que le dispositif informatique n'était ni dangereux ni amené à intervenir souvent, avait donné son feu vert. Un porte-parole de la FAA a précisé que l'autorisation du régulateur n'était pas requise.

"En gros, ça veut dire que j'ai menti aux régulateurs (sans le savoir)", répond alors M. Forkner, ce à quoi son collègue ajoute : "Ce n'était pas un mensonge, personne ne nous avait dit que c'était comme ça".

Son avocat a indiqué samedi 19 octobre qu'il n'y avait eu aucun mensonge. "D'après tout ce que Mark savait, il pensait que l'avion réel était sûr", a déclaré l'avocat David Gerger.

Le MCAS a depuis été mis en cause dans l'accident d'un 737 MAX d'Ethiopian Airlines, qui s'est écrasé le 10 mars au Sud-Est d'Addis Abeba quelques minutes après le décollage, provoquant la mort des 157 personnes à bord.

Il est également montré du doigt dans le crash, le 29 octobre 2018, d'un 737 MAX de Lion Air ayant fait 189 morts.

Le 737 MAX, qui avait été homologué et autorisé à voler en mai 2017 par la FAA, a depuis été cloué au sol à travers le monde et des incertitudes entourent son retour en service.

Sanctions

"Tard hier soir (jeudi 17 octobre), Boeing a alerté le département des Transports de l'existence de messages instantanés entre deux employés de Boeing, discutant de certains éléments de communication avec la FAA lors de la certification initiale du 737 MAX en 2016", a dénoncé vendredi 18 octobre l'agence fédérale de l'aviation.

"Boeing a expliqué au département qu'il a découvert ces documents il y a plusieurs mois", a regretté le régulateur, qui a sommé Dennis Muilenburg, le patron de Boeing, de s'expliquer.

"J'attends vos explications immédiatement concernant le contenu de ce document et les raisons pour lesquelles Boeing en a retardé la divulgation à son régulateur en charge de la sécurité", y écrit Steve Dickson, un des responsables de la FAA, dans ce courrier obtenu par l'AFP.

"En début d'année, nous avons donné le même document à la bonne autorité enquêtant" sur le MAX, soit le département de la Justice, a répondu, quelques heures plus tard, Boeing, dans un communiqué, soulignant coopérer "volontairement" en parallèle avec le ministère des Transports sur une investigation distincte touchant aussi à cet avion.

C'est dans le cadre de cette dernière que "nous avons porté (jeudi 17 octobre) le même document à l'attention d'une commission" parlementaire, souligne l'avionneur, qui affirme que M. Muilenburg s'est entretenu dans la journée avec M. Dickson pour lui "assurer que nous prenons toutes les mesures nécessaires pour un retour en service en toute sécurité du MAX".

La FAA, qui avait notamment confié à Boeing l'inspection du MCAS lors du processus de certification selon des sources proches du dossier, a promis de prendre des sanctions.

AFP/VNA/CVN

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