Le burger, une réussite économique au prix d'une impasse environnementale

Quarante ans après l'arrivée de l'enseigne américaine McDonald's dans l'Hexagone, le burger a conquis une place enviable dans les menus des Français, mais il n'en est pas moins devenu, pour ses détracteurs, l'emblème d'une alimentation peu durable et d'un gaspillage de ressources.

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Des militants du mouvement écologiste Youth For Climate France placardent une banderole sur un restaurant McDonald's le 14 juillet 2019 à Bordeaux.
Photo : AFP/VNA/CVN

Aux côtés des principales enseignes américaines - McDonald's, Burger King, Quick, KFC - on trouve aujourd'hui beaucoup de "micro-enseignes" récentes de burger (Mythic Burger, Factory & Co, Speed Burger...) et des indépendants, observe Maria Bertoch, experte de la restauration hors domicile chez NPD Group.

En outre le burger a "gagné ses lettres de noblesse dans toute la restauration à table", relève-t-elle : il est à la carte "des restaurants de tous types : brasseries, restaurants-grill, restaurants à cuisine européenne mixte... C'est un produit universel, qui plaît à toutes les générations, facile à préparer pour les chefs, toujours à la mode".

En dix ans, l'offre de burger a ainsi été multipliée par trois, pour représenter l'an dernier 9% de la restauration à table (contre 3% en 2008) et 6,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit une hausse de 14% sur la période. Avec un ticket moyen passé à 7,30 euros l'an dernier, soit une hausse de 20% en dix ans, selon NPD Group.

Dans le même temps, le reste de la restauration, éprouvée par "la crise de 2009 et les attentats de 2015, est simplement revenu à son niveau d'avant-crise", analyse Mme Bertoch.

Ainsi, pour le géant McDonald's, la filiale française est la plus lucrative de toutes. Un succès qui repose sur "une offre originale mêlant les références à la culture française et notre origine américaine" et à "des services innovants : service à table, livraison à domicile, programme de fidélité, commande en ligne", selon l'entreprise hexagonale.

L'enseigne, qui exploite 1.470 restaurants dans l'Hexagone, se targue de contribuer à l'activité de 40.000 agriculteurs et éleveurs français avec 715 millions d'euros de produits alimentaires achetés en 2019, soit les trois quarts de ses approvisionnements.

"Tout jetable"

Pour ses détracteurs, le burger reste toutefois l'emblème d'une alimentation peu durable, à l'impact environnemental désastreux car encourageant la production de viande via un élevage intensif, très consommateur en sols et en eau.

"Le burger est symptomatique de la croissance, depuis les années 60, d'une consommation de viande devenue quotidienne dans les pays développés, qui a abouti à des modes de production très nocifs pour l'environnement", affirme Cyrielle Denhartigh, responsable agriculture et alimentation au sein de Réseau Action Climat.

"Il faut vraiment faire marche arrière, réorienter toutes les aides à l'agriculture vers des modèles plus durables et une production de qualité, diviser par deux la consommation de viande", estime-t-elle.

Slogan "Pourquoi manger maintenant ce qui nous tuera demain" devant un restaurant McDonald's le 14 juillet 2019 à Bordeaux.
Photo : AFP/VNA/CVN

En outre le burger est l'emblème d'une industrie du fast food où règne un "tout jetable" qui génère des déchets en masse : 180.000 tonnes d'emballage et 60.000 tonnes de déchets alimentaires par an, déplore Thibault Turchet, juriste de l'association Zero Waste.

Celle-ci a déposé plainte en octobre 2018 contre deux restaurants parisiens des chaînes McDonald's et KFC pour "absence de tri des déchets en salle".

"Entre le tout jetable et l'absence de tri, les déchets finissent dans les décharges et les usines d'incinération, avec à la clé de la pollution de l'air, un gâchis de ressources et un coût important pour les infrastructures publiques", dit M. Turchet.

"Les enseignes allègent le poids des emballages de quelques grammes, mais aucune ne se dirige vers l'abandon du tout jetable, qui reste le plus rentable, alors que les emballages recyclables et le compostage des déchets alimentaires pourraient être développés", ajoute-t-il.

En juin, sous la pression du gouvernement, McDonald's, KFC, Burger King, Starbucks, Domino's Pizza notamment se sont engagés à respecter en trois ans l'obligation de trier les déchets, jusqu'ici largement ignorée dans le secteur, en raison de "la très grande disparité des solutions de collecte et de valorisation disponible d'un site à l'autre", selon McDonald's.

AFP/VNA/CVN

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