Je grimpe sur le pamplemoussier

Le pamplemoussier est un arbre fruitier populaire à la campagne. Grâce à leur fragrance exceptionnelle, ses fleurs sont utilisées pour parfumer le thé et des plats. Elles disent tant de choses à l’âme vietnamienne.

>>La rose dans la culture vietnamienne

>>Les fleurs de pamplemoussier, messagères du printemps

Les fleurs de pamplemoussier sont liées à la femme.
Photo: CTV/CVN

Chaque fois que je savoure un bol de chè (potage sucré) de grains de lotus parfumé aux fleurs de pamplemoussier, la chanson populaire suivante me revient à la mémoire:

"Je grimpe sur le pamplemoussier pour cueillir des fleurs,
Je descends au champ d’aubergines pour cueillir des boutons d’églantine.
Les boutons d’églantine ont des couleurs si fraîches,
Mais tu as déjà un mari, comme je le regrette!
Une feuille de bétel bien piquante ne coûte que trois sapèques(1)
Pourquoi ne m’avez-vous pas demandée aux jours où j’étais encore libre?
Maintenant j’ai déjà un mari,
Je suis comme un oiseau dans la cage, un poisson qui a mordu à l’hameçon.
Le poisson qui a mordu à l’hameçon ne sait que faire pour se libérer,
L’oiseau dans la cage, quand pourra-t-il sortir?"

Ces fleurs à cinq pétales blancs sont utilisées pour parfumer le thé.
Photo: CTV/CVN

Le poète chinois Tchang Tsi (VIIIe-IXe siècle) a traité le même thème dans un poème célèbre:

"Vous savez bien que j’avais un mari,
Et vous m’avez donné deux perles(2) lumineuses…
Touchée de l’affection qui s’y exprime,
Je les ai cousues à ma blouse de soie rouge…
Je sais bien que votre dessein est pur comme un rayon venu du Ciel,
Mais, au service d’un mari, j’ai juré d’être en la vie et la mort.
Je vous rends les perles brillantes; deux larmes, semblables, les accompagnent.
Pourquoi ne vous ai-je connu quand je n’avais pas encore de mari?"

(Traduction de Tchang Fou-jouei. Révisé par Hervouet(3))

Fleurs de pamplemoussier dans la culture vietnamienne

Mais quittons les perles de Chine pour revenir aux fleurs de pamplemoussier qui disent tant de choses à l’âme vietnamienne!

Fleurs aux pétales blancs, si simples mais au parfum si tenace qu’il suffit, au début du quatrième mois lunaire, à embaumer les cours et les sentiers de village.

Fleurs liées à la femme, parfumant sa longue chevelure d’ébène, quand, mêlées aux décoctions d’herbes et de feuilles, elle la lave dans le bassin d’eau de pluie.

Fleurs qui, pour celui qui est loin, rappellent l’être aimé.

Fleurs profanes qui, dans la vie quotidienne, entrent dans la confection des potages sucrés (chè) et des desserts familiaux.

Fleurs sacrées qui, avec des morceaux de canne à sucre, sont offertes par les fidèles à la pagode et déposées sur les autels devant les grandes statues laquées rouge et or.

Fleurs des clairs de lune!

Fleurs des pauvres et des riches.

Fleurs d’une culture qui, du fleuve Rouge au Mékong, fleurit sur toute la terre du Vietnam.


Huu Ngoc/CVN
(Mai 1992)
--------------
1. La chique de bétel est un gage d’amour et de mariage.
2. La perle est liée à l’amour.
3. Paul Demiéville, Anthologie de la poésie chinoise classique, Gallimard, 1962.

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top