Élection du directeur général de la FAO

Les 194 délégués de la FAO élisent dimanche 23 juin à Rome le nouveau directeur général de cette agence des Nations unies chargée de lutter contre la faim dans le monde, après avoir assisté samedi 22 juin à une inattendue offensive de charme pro-américaine du candidat chinois.

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Le candidat chinois au poste de directeur général de la FAO, Qu Dongyu, le 22 juin à Rome.

Comme ses deux concurrents, une Française et un Géorgien, le candidat chinois à la direction de l'agence de l'ONU chargée de l'agriculture et de l'alimentation, Qu Dongyu, a promis qu'il augmenterait la coopération de l'organisme avec le secteur privé s'il était élu.
Mais alors que Washington et Pékin sont engagés depuis des mois dans une terrible guerre commerciale, M. Qu a été le seul à citer comme partenaire possible de la FAO la fondation américaine Bill et Melinda Gates fondée par l'ancien Pdg de Microsoft, très engagée dans le domaine de la recherche agronomique et agricole en Afrique, qui promeut les semences génétiquement modifiées (OGM) pour accroître les rendements agricoles.
Le vice-ministre chinois de l'agriculture a aussi cité le géant agrochimique Bayer, qui vient de racheter l'Américain Monsanto, empêtré dans une série de procès liés à l'herbicide controversé glyphosate, ou le groupe de distribution chinois Alibaba.
Il a promis qu'il "étendrait les partenariats avec la Banque mondiale" basée à Washington et d'"autres institutions spécialisées" pour attirer plus d'investissements pour l'agence chargée d'aider les pays qui n'arrivent pas à assurer leur sécurité alimentaire - pour cause de conflit ou d'extrême pauvreté - à relancer leur secteur agricole.
Alors que la candidate soutenue par l'Union européenne, la Française Catherine Geslain-Lanéelle, a soutenu dans son discours un modèle d'organisation plus inclusif et de redistribution pour les pays membres, le candidat chinois a estimé que "pour la FAO, faire grossir le gâteau est plus urgent que partager le gâteau".
Plus inattendu, il a promis que s'il était élu, il aurait "une tolérance zéro pour le harcèlement sexuel" au sein de l'organisation onusienne, répondant ainsi directement à une question du représentant américain qui l'avait interpellé sur le sujet lors d'auditions antérieures.

La candidate française au poste de directrice générale de la FAO, Catherine Geslain-Lanéelle, le 22 juin à Rome.

"Si le duel entre le Chinois et la Française se confirme, il n'est pas certain que, malgré leurs préoccupations actuelles sur l'essor de Pékin sur la scène internationale, les États-Unis se résignent à soutenir la candidature de la seconde tant ils ne partagent pas non plus de nombreux points de l'agenda européen sur ces sujets" a estimé Manuel Lafont Rapnouil, analyste au Conseil européen des relations internationales (ECFR).
Quelque 820 millions de personnes ont faim
Le premier vote des délégués doit intervenir en milieu de journée. Face au candidat chinois, Mme Geslain-Lanéelle affiche ses sept ans à la présidence de l'agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) et sa carrière à la direction du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation en France.
S'exprimant en espagnol, en anglais et en français, elle a estimé que la FAO avait besoin de "nouvelles idées" et d'"innovations", tout en jugeant que la coopération avec les gouvernements était "essentielle" pour réduire la faim dans le monde qui touche 820 millions de personnes.
La Française a reçu une longue ovation lorsqu'elle s'est déclarée "fière" de représenter "les femmes", nombreuses dans le secteur agricole et alimentaire de par le monde, alors qu'elle est elle-même la première femme candidate à ce poste depuis la création de l'organisation multilatérale, juste après la Seconde guerre mondiale. "Je sais écouter, débattre, définir une stratégie et la traduire en plan d'action" a-t-elle dit pour obtenir les votes des délégués.
Le troisième postulant, le Géorgien Davit Kirviladze, est un ancien agriculteur et ancien ministre de l'Agriculture de son pays. En bras de chemise, et l'air décidé, il s'est présenté comme un "leader" qui "aime l'action" en insistant sur le besoin de "transparence" de l'organisation.
Samedi soir 22 juin, un délégué ivoirien qui a requis l'anonymat affirmait "craindre" les ambitions agricoles de la Chine en Afrique. "Moi je soutiens Catherine" a pour sa part déclaré le ministre hongrois de l'Agriculture Istvan Nagy, selon lequel la candidate française est "la seule" à savoir "comment fonctionne la haute diplomatie".

AFP/VNA/CVN

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