Hanoï: tissage de la soie à partir de fibres de lotus

L'artisane Phan Thi Thuân du village de Phùng Xa (district de My Duc, en banlieue de Hanoï) est devenue la première Vietnamienne à tisser la soie à partir de fibre de lotus. Une pratique novatrice pour sauver le métier de tissage artisanal qui se perd peu à peu.

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L'artisane Phan Thi Thuân consacre toute sa vie à préserver le métier de tissage.

À 40 km au sud de Hanoï, la beauté du village de Phùng Xa est poétique et semblable à un tableau aux paysages enchanteurs. Le charme de la campagne du Vietnam se reflète sur chaque toiture de chaque maison ainsi que sur les murs en brique de couleur ocre. Ce lieu c’est également le berceau du métier de tissage de la soie traditionnelle qui se perpétue à travers les siècles.

Dans tous les recoins de Phùng Xa, on peut entendre le son des machines de tissage, tel un murmure, une mélodie étroitement liée à la vie des villageois. Aujourd'hui cependant, ce métier se perd peu à peu. Certains l'ont quitté, d'autres cherchent à exercer des métiers différents pour mieux gagner leur vie. Seule Phan Thi Thuân reste dévouée au tissage de la soie. Pour la première fois, cette Hanoïenne (âgée de 65 ans) a réussi à tisser une écharpe faites de fibres de lotus.

Le lotus est essentiellement connu pour sa dimension esthétique, culinaire ou encore pour son thé aromatique. Sa tige peut notamment être consommée en légume et son rhizome peut être utilisé pour la confection de nombreux plats. Les feuilles de lotus sont quant à elles, couramment utilisées comme emballage alimentaire, notamment pour emballer le xôi (riz gluant).

Toutes les étapes de la fabrication des fils de lotus sont exécutées de manière soigneuse et affétée.

En particulier, les fibres obtenues à partir du lotus constituent une catégorie de fils précieux au service du tissage. La soie de lotus est en effet très rare et vient du Myanmar. Les fibres, extrêmement minces, dans les mains habiles des ouvriers, se transforment en produits de luxe qui, autrefois, étaient réservés exclusivement aux couches les plus nobles et aisées de la population.

Née et élevée au village de Phùng Xa, Mme Thuân fait partie de la 3e génération issue d'une famille de tisserands. Elle se débrouille toujours pour trouver des manières de réinventer ce métier ancestral. Cette sexagénaire nourrit de grands espoirs de faire naître une nouvelle sorte de soie.

Ainsi après deux ans de recherches, Phan Thi Thuân a réussi à confectionner les premières écharpes faites à partir de fibres de lotus. Pour réaliser ce projet, elle a dû acheter un champ entier dans lequel elle ne cultive que des lotus.

Minutie étape par étape

Toutes les étapes de la fabrication des fils de lotus sont exécutées de manière soigneuse et affétée. Une fois récoltées, les tiges de lotus doivent être nettoyées deux fois en eaux propres. Les jeunes tiges donneront des fils plus tenaces et souples que ceux issues de vielles tiges. Il faut à peu près 4.800 tiges pour tisser une écharpe de 1,7 m de longueur et de 25 cm de largeur. Un artisan peut traiter entre 200-250 tiges par jour, laissant environ un mois et demi pour achever une seule écharpe.

Avec dextérité, Mme Thuân s’empare de quelques tiges qu’elle entaille d'une de leurs extrémités et les fait glisser doucement de façon à en extraire les fibres. Elle enroule ces dernières jusqu’à obtention de fils. Ce travail doit être exécuté manuellement. Un savoir-faire qui exige une grande habileté afin de ne pas endommager les fils. Une des raisons pour laquelle les écharpes et vêtements fabriqués à partir de fils de lotus coûtent aussi chers.

Une écharpe faite de fibres de lotus.

"Une fois récoltées, toutes les tiges de lotus doivent être traitées le plus rapidement possible, avant qu’elles ne s’assèchent et deviennent inutilisables" a-t-elle fait savoir.

À l’heure actuelle, Mme Thuân gère un atelier familial comprenant 20 tisserands opérant dans la fabrication de produits textiles confectionnés à partir de vers à soie et de fibres de lotus.

Cette artisane montre, à chaque tisserand, l’exécution du travail étape par étape de manière prudente, pédagogue et exigeante car le métier de tissage requiert patience, dextérité ainsi que minutie. Ainsi, elle ne tolère aucun écart de la part de ses employés, car pour elle, une fois que l’on se consacre au tissage alors on se donne corps et âme à son exécution.

En tissant la soie de lotus, Mme Thuân espère ainsi élever la valeur économique de ces fleurs en préservant ce métier traditionnel et ancestral du village tout en offrant de l'emploi aux travailleurs du village.

Thu Hà Ngô/CVN

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