L’argentique et les jeunes vietnamiens: le grand amour!

À l’heure où la photographie est devenue aussi simple qu’un clic sur un smartphone, les amoureux de cet art, particulièrement les jeunes, redécouvrent les photos "vintages" avec les caméras argentiques d’autrefois. Chic et choc!

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À l’intérieur de la boutique Hano Film à Hanoï.
À l’intérieur de la boutique Hano Film à Hanoï.

Grâce au développement des smartphones, depuis une dizaine d’années, tout le monde peut faire des photos de bonne qualité avec une facilité déconcertante. Par ailleurs, les appareils photos modernes, nets, légers, rapides et automatiques peuvent répondre à presque tous les besoins des amoureux de cet art.

Pourtant, depuis quelques années, les jeunes vietnamiens, particulièrement dans les grandes villes, reviennent aux appareils argentiques, d’une aisance d’utilisation bien moins grande que celle des numériques d’aujourd’hui. Un loisir agréable qui leur permet de retrouver et de rétablir les couleurs d’autrefois, mais aussi de mieux apprendre les fondements de l’art de la photographie.

Nguyên Thuong Quynh, jeune professeure à Bangkok (Thaïlande), est tombée amoureuse des photos argentiques en découvrant celles de ses amis thaïlandais. Au fil du temps, elle leur trouve des qualités esthétiques supérieures à celles des photos digitales. Après avoir étudié la question et s’être soigneusement renseignée, elle décide de revenir à Hanoï pour acheter son premier appareil argentique et mettre en photos sa vie quotidienne.

"J’adore marcher dans les rues et observer les gens qui se déplacent, travaillent ou discutent. À Hanoï ou à Bangkok, la photographie argentique me permet de capturer les moments avec des styles et couleurs +vintages+. En plus, observer les photos apparaître dans le bac à développement est aussi une expérience très agréable".

Partout à Hanoï, notamment dans le Vieux quartier, on peut facilement rencontrer des jeunes qui prennent des photos avec leurs appareils argentiques. Canon, Nikon, Olympus, Pentax sont les marques favorites, car leur prix est abordable, et surtout ce sont "de jolis accessoires à transporter", comme le déclare Thuong Quynh.

Lê Huy et son appareil argentique. 

Lê Huy, ingénieur à Melbourne (Australie), a près de 10 ans d’expérience en photographie. Son appareil digital répond parfaitement aux besoins professionnels et quotidiens, mais il a malgré tout acheté une caméra argentique lors de son dernier retour au Vietnam dans un seul but: vivre de nouvelles expériences avec cet art.

"Je préfère la texture dans les photos argentiques. Leur couleur est tellement différente. Les appareils digitaux ne peuvent pas en produire d’identique, même via Photoshop. Et comme ces caméras argentiques sont majoritairement à 100% mécaniques, en acheter une me permet d’apprendre les connaissances de base de la photographie", confie Lê Huy.

À la différence des appareils digitaux, les caméras argentiques ne nous permettent pas de voir immédiatement les photos capturées. C’est pourquoi, pour prendre une photo argentique correcte, outre les connaissances et techniques de base, le photographe doit connaître parfaitement son appareil, ses pellicules et ses objectifs. Avec ce nouvel essor de l’argentique, de nombreux services prestataires ont l’occasion de se développer.

Renouveau des services connexes

Photographe depuis longtemps, Nguyên Quyêt, propriétaire de la boutique de caméras Hano Film, tourna sa passion de la photographie digitale vers l’argentique il y a quatre ans. Sa boutique, ouverte depuis près de deux ans, accueille chaque semaine une cinquantaine de clients qui demandent ses conseils et achètent leurs propres appareils de photo.

"Les caméras argentiques sont en vogue depuis peu, non seulement au Vietnam mais dans le monde entier. Cet art m’attire car son image est +pure+ et n’a besoin d’aucune opération de numérisation. C’est pour cette raison que l’on y trouve de grandes émotions".

Par ailleurs, Nguyên Quyêt explique que ces clients sont souvent les jeunes de 25 à 35 ans. "Avec moins de 3 millions de dôngs (110 euros environ), on peut facilement acheter un appareil - un prix acceptable pour les débutants en photographie. Mais puisque ces caméras ont été fabriquées il y a longtemps, elles risquent de tomber en panne un jour. Garantie et réparation font partie des services fournis par ma boutique".

À Hanoï, des boutiques comme Hano Film se trouvent dans chaque quartier du centre-ville. Évidemment, les produits haut de gamme de marques de renom comme Contax, Voigtländer, Hasselblad ou Leica sont toujours à disposition. La tendance touche aussi d’autres grandes villes du pays, telles que Dà Nang, Nha Trang au Centre, Dà Lat dans les hauts plateaux du Centre, Hô Chi Minh-Ville et Cân Tho au Sud. Sur Facebook et Instagram, le marché des produits argentiques et les clubs de photos sont toujours animés.
Ngô Tuân Viêt (debout) dans sa boutique de réparation d’appareils photos, au 3B, rue Bao Khánh, à Hanoï. Photo: Dang Duong/CVN
 

Cet engouement offre aussi aux laboratoires et aux centres de réparation de nouvelles opportunités pour vivre de leurs métiers. Et depuis quelques années, ils sont de plus en plus nombreux.
 

Nadar, un des plus grands laboratoires à Hanoï, reçoit une soixantaine de pellicules tous les jours. Le prix pour développer et scanner les photos est de 30 à 150.000 dôngs/pellicule (1-6 euros). Par rapport aux prix du traitement argentique en Thaïlande (3-11 euros/pellicule), au Japon (5-17 euros/pellicule), en Australie (13-25 euros/pellicule) ou en France (15-30 euros/pellicule), le marché vietnamien est certai-nement le moins cher du monde.
 

Ngô Tuân Viêt, fameux réparateur de caméra depuis  22 ans, prend plaisir à la situation. "Au début, à mon époque, je ne réparais que des caméras argentiques. Puis, ce fut la vague digitale. Depuis quelques années, en plus des caméras digitales, je reçois chaque jour 4-5 appareils argentiques. Je suis ravi car ça me permet de revivre les souvenirs et loisirs de ma jeunesse", dit-il avec un sourire.
 

Dang Duong/CVN

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