Macron et Merkel signent un traité franco-allemand au ton pro-européen

Angela Merkel et Emmanuel Macron signent mardi 22 janvier un nouveau traité pour renforcer la relation franco-allemande, et envoyer un message de soutien à la construction de l'Union européenne, au moment où elle est affaiblie par la montée des nationalismes.

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Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel en 2018 à Berlin.

Le texte, paraphé en fin de matinée à Aix-la-Chapelle en Allemagne, à quatre mois des élections européennes, suscite la controverse en France, où les extrêmes à droite comme à gauche y voient une perte de souveraineté nationale et un alignement de leur pays sur Berlin. Le traité "de coopération et d'intégration franco-allemand" doit "compléter" celui dit de l'Élysée signé en 1963 entre le Général de Gaulle et Konrad Adenauer, qui concrétisa la réconciliation franco-allemande après la guerre.

Il prévoit une convergence des politiques économique, étrangère et de défense des deux pays, une coopération sur les régions transfrontalières, ainsi qu'une "assemblée parlementaire commune" composée de 100 députés français et allemands. "C'est un moment important pour montrer que le couple franco-allemand est un socle qui peut se relancer (...) au service du renforcement du projet européen", fait valoir la présidence française.

Clause de défense

Les deux pays vont adopter "une clause de défense mutuelle" en cas d'agression, sur le modèle de celle prévue au sein de l'OTAN. Ils pourront déployer des moyens ensemble en cas d'attaque terroriste ou coopérer sur les grands programmes militaires, à l'image de leurs projets sur les chars ou les avions de combat. "L'Allemagne et la France entendent continuer à faire avancer les choses ensemble en Europe", a estimé samedi Angela Merkel. Emmanuel Macron et Angela Merkel prononceront tous deux un discours dans la prestigieuse mairie d'Aix-la-Chapelle, ville où l'empereur Charlemagne avait installé sa cour, avant de participer ensemble à un "débat citoyen" avec des étudiants des deux pays.

Le traité est signé par deux dirigeants fragilisés: Angela Merkel se prépare à laisser son poste à l'automne 2021, et Emmanuel Macron fait face à la crise des "gilets jaunes". "L'incompréhension s'est insinuée dans le couple", a commenté un éditorialiste de La Voix du Nord, quotidien de Lille, mais "le moment, en dépit de l'urgence, paraît soudain mal choisi". Paris et Berlin ont en effet affiché plusieurs divergences, qu'il s'agisse du budget de la zone euro ou de la taxation des "Gafa", les géants du numérique, sur lesquels ils ont conclu des accords a minima, très en deçà des ambitions françaises. Les deux gouvernements ont aussi des divergences en matière de politique d'exportation d'armement.

"Nous sommes confrontés à une crise existentielle de l'intégration européenne, avec le Brexit et la poussée attendue des forces nationalistes aux prochaines élections européennes. Dans ce contexte, affirmer qu'on croit à la coopération franco-allemande a valeur de symbole", commente la politologue Claire Demesmay, de l'institut de recherche allemand DGAP, sur la radio publique allemande.

"Recul de souveraineté"

Ce symbole ne fait pas l'unanimité en France, bien au contraire. C'est un nouveau "petit coup en douce" du président de la République qui est "en train d'effondrer la puissance de notre pays", a déclaré la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen.

"C'est comme le pacte de Marrakech [sur les migrations]: on apprend ça trois jours avant que ce soit signé, histoire que personne ne puisse venir contester le contenu de ce traité", a-t-elle jugé vendredi. Elle a aussi accusé Emmanuel Macron de vouloir partager avec l'Allemagne le siège de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui ne figure pas dans le traité et que l'Élysée a démenti: Paris plaide pour que l'Allemagne y obtienne son propre siège permanent.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a lui aussi dénoncé lundi 21 janvier "le recul de notre souveraineté" qui pour lui "marche ici avec le recul social et écologique". L'objectif du traité "n'est pas le progrès social ou la transition écologique mais la compétitivité" avec "moins de services publics et d'investissements publics, des baisses de salaire, la chasse des chômeurs", avance-t-il. Il s'inquiète aussi qu'avec ce traité, la France et l'Allemagne "doivent élaborer des positions communes dans les institutions européennes".

"Coller à l'Allemagne en toutes circonstances, Emmanuel Macron le fait depuis le début du quinquennat", déplore-t-il. En Allemagne, certaines inquiétudes éprouvées en France ont interloqué. "L'Alsace sera-t-elle bientôt allemande?", s'est faussement interrogé le quotidien FAZ, relayant une question que se posaient des Français ces dernières semaines.


AFP/VNA/CVN

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