Les Bangladais aux urnes, deux morts en marge du scrutin

Deux personnes ont péri dimanche 30 décembre en marge des législatives au Bangladesh, dont la campagne avait déjà été plombée par des violences et des accusations de répression à l'encontre de milliers de militants de l'opposition.

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Des électeurs dans une file d'attente devant un bureau de vote de la capitale bangladaise Dhaka, le 30 décembre.

Un homme est mort quand la police a tiré sur des partisans de l'opposition qui avaient selon les autorités attaqué un bureau de vote dans la ville de Bashkhali (Sud). Un sympathisant de la Ligue Awami, le parti au pouvoir, a par ailleurs péri après avoir été selon la police roué de coups par des partisans de l'opposition dans le district de Rangamati (Sud-Est).

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 (02h00 GMT) sous haute sécurité pour une scrutin qui devrait donner un quatrième mandat à la Première ministre Sheikh Hasina.

La dirigeante de 71 ans, au pouvoir depuis 10 ans, reste très populaire auprès d'une partie de ses concitoyens en raison d'une période de forte croissance économique, pour avoir débarrassé le Bangladesh de son image de nation miséreuse et frappée de toutes les calamités du monde et pour avoir accueilli sur son sol les centaines de milliers de Rohingyas fuyant la Birmanie.

Mais ses détracteurs la décrivent comme une autocrate en germe qui a emprisonné sa rivale emblématique Khaleda Zia et réprimé la dissidence au travers des arrestations en masse de militants d'opposition, des disparitions forcées et des lois draconiennes qui musèlent la presse.

"Éviter les rumeurs"

La campagne a été marquée par des affrontements entre les sympathisants de la Ligue Awami et ceux du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal parti de l'opposition emmenée par Mme Zia.

Le gouvernement a annoncé avoir déployé 600.000 membres de la police, de l'armée et d'autres forces de sécurité pour prévenir des violences dimanche 30 décembre, lors du onzième scrutin législatif depuis l'indépendance du Bangladesh en 1971.

Le régulateur des télécoms a ordonné aux opérateurs mobiles bangladais de couper la 3G et la 4G jusqu'à dimanche soir minuit 30 décembre, afin "d'éviter que des rumeurs ne se répandent", a indiqué un porte-parole.

Les décès annoncés dimanche 30 décembre portent à six le nombre de morts confirmées par la police depuis l'annonce, le 8 novembre, de la date du scrutin. Le BNP affirme pour sa part que huit de ses militants ont été tués.

Les 104 millions d'électeurs du pays doivent choisir entre une coalition menée par Sheikh Hasina et celle constituée il y a seulement trois mois par Mme Zia, actuellement emprisonnée dans le cadre d'une affaire de corruption.

D'après les sondeurs, Sheikh Hasina, dont le père Sheikh Mujibur Rahman fut le premier président du Bangladesh, semble en passe de décrocher facilement son troisième mandat consécutif de cinq ans depuis 2008, après un premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, un record dans l'histoire du pays.

Sélection contrôlée

Sa coalition doit remporter 151 sièges lors du scrutin majoritaire uninominal pour dominer le Parlement composé de 300 sièges.

Le BNP, qui avait boycotté le précédent scrutin en 2014, accuse les membres de la Ligue Awami d'avoir agressé ses militants afin de décourager les électeurs. La Ligue Awami rejette cette accusation.

Le parti de Khaleda Zia, opposante et ennemi jurée de Mme Hasina, a également accusé la commission électorale de partialité, ce qu'elle a nié. Le parti fait état de 15.000 militants emprisonnés depuis le 8 novembre.

Human Rights Watch et plusieurs autres organisations internationales de défense des droits de l'Homme ont dénoncé samedi 29 décembre, dans un communiqué commun, des mesures répressives qui ont créé un climat de peur pouvant dissuader les sympathisants de l'opposition de se rendre aux urnes.

"Nous faisons de notre mieux pour avoir une élection libre et équitable", a déclaré un responsable de la commission électorale, Rafiqul Islam, répondant aux inquiétudes de l'ONU et des États-Unis qui s'interrogent également sur la crédibilité du processus électoral.

D'après l'opposition, 17 candidats auraient été arrêtés sur des accusations montées de toutes pièces et 17 autres autres opposants empêchés de participer au scrutin par des tribunaux contrôlés par Sheikh Hasina.

"Ce n'est pas une élection libre et équitable. C'est plutôt une sélection contrôlée", a déclaré un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.

Sheikh Hasina a rejeté toute accusation de répression et a appelé les votants à la soutenir pour continuer à renforcer l'économie, qui connaît une croissance annuelle de plus de 6% depuis sa victoire de 2008.

Les bureaux de vote doivent fermer à 16h00 (10h00 GMT).

AFP/VNA/CVN

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