Près de Paris, le frisson de la boxe en "col blanc"

Le teint rubicond dès l'entame de la deuxième reprise, Florian cherche un second souffle: encaisser crochets et directs, ce jeune cadre dynamique n'en fait pas son quotidien, mais comme de nombreux "cols blancs" séduits par "l'excitation" du combat de boxe, il a enfilé les gants pour une soirée privée.

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Des jeunes s'entraînent à la boxe dans un club à Paris, le 11 septembre pour participer des épreuves de "white collar boxing".

Le lieu de souffrance en ce vendredi soir 21 décembre de novembre? Un ancien garage désaffecté de Puteaux (banlieue parisienne), réquisitionné pour l'occasion par une quarantaine de personnes.

À l'opposé des bureaux ultra-modernes voisins du quartier d'affaires de La Défense, temple parisien du monde de l’entreprise près duquel la plupart des boxeurs ont passé plus tôt la journée, les briquettes apparentes sur les murs délabrés donnent au décor l'aspect d'un polar en noir et blanc de la fin des années 1950.

Mais, loin d'émarger parmi les truands et les malfrats, les combattants et spectateurs présents, jeunes trentenaires pour la plupart, occupent d'importants postes chez Engie, Saint-Gobain, Allianz, Ernst & Young, Regus ou Groupama.

"Pas de racailles"

Tous les deux mois depuis un an et demi, ce petit groupe organise cette soirée privée, dérivée de la mode du "white collar boxing", la boxe en col blanc, née aux États-Unis et très en vogue dans les grandes places financières du globe, comme à Londres, Singapour ou Francfort.

Le principe est simple: quatre oppositions à la suite, chacune composée de trois rounds de deux minutes, chaque boxeur au programme ayant dû s'entraîner pendant les huit semaines précédant le combat. Le matériel? Financé en partie par une cagnotte sur internet. Les participants ? Issus presque exclusivement du bouche-à-oreille entre collègues, puis réunis sur un groupe Facebook privé.

"Ici, on est entre nous et il n'y pas de racailles", se satisfait André, qui fait son entrée sur le ring flambant neuf comme un pro, au son du "Du hast" du groupe de métal allemand Rammstein et à la lumière de trois projecteurs.

Face au stress du quotidien, que ces cadres disent ressentir de plus en plus fortement, l'espace de liberté qu'offre la boxe "est un sas de décompression", juge Gaëtan.

"En dehors de la norme"

Pourtant, pas question de boxer uniquement pour le loisir et la forme physique. "On est des compétiteurs, l'entraînement pour l'entraînement cela ne nous botte pas", avance Martin. Florian revendique de son côté "l'excitation d'évoluer en dehors de la norme" même s’il écarte, agacé, les références au film Fight Club avec Brad Pitt.

Vue générale du quartier de La Défense, le 12 décembre.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Garde ta garde!", hurle quelqu'un dans le public 100% masculin. David a découvert le Noble art lorsqu'il était en poste comme analyste financier à Singapour en 2012. Jean a lui assisté à des combats sans gants, à mains nues, au Royaume-Uni, où les protagonistes s'affrontant le plus souvent dans des arènes de balles de foins, terminaient très abimés.

Ici, la sécurité est de mise malgré quelques taches de sang qui commencent à coaguler sur le ring: les gants sont plus épais que ceux des professionnels, les protège-dents sont de mise. Les K.O. ou abandons sont d’ailleurs assez rares. Et comme aucun vainqueur n’est déclaré, il n’y a pas non plus de signes d'animosité après le gong final.

"Chacun de nous veut retremper l'acier de sa virilité dans la flamme de la douleur", explique Jean, mais "si jamais on voit que quelqu'un est en danger, on arrête tout de suite", tempère-t-il, interrogé sur les risques d’une telle soirée hors des clous. "Si quelqu'un est en difficulté, on arrête l'affaire, ce n'est pas l'abattoir".

"C'est un sport de combat et de contacts, il y a des risques, même chez les pros", résume Florian, qui assure qu’un médecin est "parfois présent".


AFP/VNA/CVN

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