Dernier tour de piste pour les animaux sauvages?

L’utilisation des animaux sauvages dans les spectacles de cirque fait de plus en plus débat. La Coalition d’Asie pour les animaux a récemment envoyé une lettre au ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, Nguyên Ngoc Thiên, demandant l’arrêt de cet usage.

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Deux éléphants dans un spectacle au Cirque central de Hanoï.
Photo: Hoàng Phuong/CVN

Dans sa lettre, la Coalition d’Asie pour les animaux (Asia For Animals Coalition - AFA) a exprimé ses inquiétudes devant les abus dont sont victimes les animaux de cirques à travers le Vietnam. Elle a cité un rapport, récemment publié par la Fondation d’Asie pour les animaux (Animals Asia Foundation), qui montre que 19 espèces d’animaux sont utilisées pour des spectacles de cirque dont certains en voie de disparition.

Ces animaux vivent dans des conditions extrêmement médiocres et sont contraints d’accomplir des actes contre nature avec des techniques d’entraînement qui les “contrôlent” psychologiquement en les menaçant de violence et de peur, selon le rapport.

De plus, les propriétaires de cirque apportent peu ou pas de contributions à la sensibilisation du public quant à l’extinction de la faune.

Mettre fin à l’utilisation des animaux

L’AFA a appelé à une enquête sur les origines de ces animaux, et a demandé au ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme de prendre des mesures pour mettre fin à l’utilisation des animaux dans les spectacles de cirque.

Comme dans tous les autres pays du monde où les droits des animaux sont devenus une préoccupation, il existe au Vietnam des points de vue contradictoires à ce sujet. Les défenseurs des animaux croient que ces derniers devraient vivre dans la nature. D’autres pensent que nous devrions “créer un environnement où les humains et les animaux vivent ensemble en harmonie”, selon l’"Artiste du Peuple" Ta Duy Ánh, directeur de la Fédération du cirque du Vietnam. Les responsables du secteur rétorquent que l’utilisation des animaux dans les cirques est une longue tradition qui prendra du temps à changer.

Certains disent avoir vu des singes, des ours et des éléphants frappés par leurs dresseurs, des méthodes tout simplement inacceptables.

"Les animaux du monde existent pour leurs propres raisons".

En fait, dompteurs et gestionnaires de cirque au Vietnam sont bien conscients du problème et certains ont modifié leur comportement en conséquence. Ils ont commencé à limiter l’utilisation d’animaux sauvages dans les spectacles il y a quelques années. "Ces trois dernières années, nous avons commencé à remplacer les animaux sauvages par des espèces domestiquées comme autruches, cochons, chats,  chiens, poulets et buffles", a informé Ta Duy Ánh.

"Nous avons également emmené nos animaux sauvages au zoo de Thu Lê à Hanoï, afin qu’ils puissent vivre le reste de leur vie dans un cadre plus naturel", a-t-il ajouté.

Selon Tông Toàn Thang, directeur adjoint de la Fédération du cirque du Vietnam, les techniques de dressage ont été améliorées dans la plupart des cirques du pays. "Nous ne forçons plus les animaux à fonctionner de manière traditionnelle, mais essayons plutôt de créer des réflexes conditionnés", a-t-il expliqué. "Nous les domptons pour qu’ils se comportent volontairement sans être forcés. Nous les instruisons afin qu’ils puissent imiter nos actions", a-t-il ajouté.

Pour une éthique animale

D’après Tông Toàn Thang, des représentants de l’association People for the Ethical Treatment of Animals (PETA - "Pour une éthique dans le traitement des animaux") en Asie "ont déjà travaillé avec nous sur ce problème et nous leur avons fait visiter la zone de vie des animaux. Ils étaient satisfaits et ont estimé que les conditions de vie étaient  bonnes, contrairement à certains cirques privés".

"Les conditions de vie des animaux de la Fédération du cirque sont bonnes afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes sur scène", a-t-il assuré.

Hoàng Minh Khanh, chef de l’École des arts du cirque et des variétés, va même plus loin: "Les conditions de vie dans un cirque pourraient être meilleures pour les animaux sauvages que celles dans la nature. Les animaux de cirque sont comme des amis, donc je ne crois pas aux allégations d’abus que colporte l’AFA".

Nguyên Viêt Hùng, un artiste circassien présentant des numéros avec des animaux, a confié qu’il ne croyait pas que les dresseurs maltraitaient les animaux. "La première règle pour dompter un animal est de le traiter en ami. Une fois, j’ai crié sur mon chien et il ne m’a pas écouté le lendemain sur scène!".

"Et que fera-t-on des animaux qui quitteront les cirques, a interrogé Tông Toàn Thang. Car ils ne pourront pas survivre dans la nature, ils seront même dangereux car ils n’ont aucune crainte de l’homme".

Il y a beaucoup à faire pour la protection des animaux. Mais quoi que nous choisissions de faire, il est préférable de garder à l’esprit que chaque créature de la planète mérite de vivre sa vie sans souffrances ni exploitation. "Les animaux du monde existent pour leurs propres raisons", a écrit la romancière américaine Alice Walker.

Thúy Hà/CVN

 

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