USA: malgré la fin des séparations, les retrouvailles se font attendre

Dispersés à travers les États-Unis, parfois à des milliers de kilomètres de leurs parents, la plupart des 2.300 mineurs migrants séparés en vertu de la politique de "tolérance zéro" de Donald Trump ne semblent pas prêts de retrouver leurs proches, tant la confusion règne.

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Des militants opposés à la politique de séparation des familles de migrants manifestent le 21 juin à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, près d'El Paso, au Texas.
Des militants opposés à la politique de séparation des familles de migrants manifestent le 21 juin à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, près d'El Paso, au Texas.
Photo: AFP/VNA/CVN

"La situation est absolument chaotique. Il reste tellement de questions sans réponse et il semble qu'il n'y avait aucun plan pour réunir parents et enfants", a déclaré vendredi 22 juin à l'AFP Matt Clausen, le président de WOLA, une organisation spécialisée dans la défense des droits de l'Homme sur le continent américain.
"Ca me rend folle parce qu'à chaque instant je me demande +Comment va-t-elle ? A-t-elle mangé? Prennent-ils soin d'elle ?+",
a témoigné sur CNN Cindy Madrid, la mère salvadorienne d'une fillette placée dans un refuge à plusieurs milliers de kilomètres de son centre de rétention du Texas.

Face aux durs témoignages de parents sans nouvelles de leurs enfants, le président américain a accusé vendredi 22 juin sur Twitter les démocrates de relayer des "histoires bidon de tristesse et de deuil, en espérant que ça va les aider aux élections".

Puis il a rassemblé, comme il l'a déjà fait à de nombreuses reprises en campagne, des familles de victimes de crimes perpétrés par des immigrants sans-papiers.

"Ces sont des citoyens américains séparés de manière permanente de leurs proches", a-t-il déclaré. "Le mot important ici est +permanente+", a-t-il ajouté, déplorant que les médias ne leur accordent, selon lui, pas assez d'attention.

Les élus du Congrès à Washington semblent eux loin de passer une loi qui empêcherait définitivement ces séparations à l'avenir, quel que soit l'occupant de la Maison Blanche. Un vote clé sur une réforme de l'immigration proposée par la majorité républicaine a été reporté à la semaine prochaine à la Chambre des représentants, faute de consensus dans ses rangs.

"Perdre leur temps"

Dans un revirement inattendu, Donald Trump avait annoncé mercredi 20 juin revenir sur sa politique de séparations systématiques des familles interpellées pour avoir franchi illégalement la frontière avec le Mexique, mise en oeuvre début mai. Elles devront désormais être maintenues ensemble en rétention, aussi longtemps que prennent les poursuites pénales.

Cette mesure avait été revendiquée par de hauts responsables de la Maison Blanche, qui comptaient sur son effet de dissuasion, mais elle a provoqué un profond malaise jusqu'au coeur des rangs républicains.

Ils continuent toutefois de soutenir pour beaucoup la politique d'extrême fermeté du président, qui cherchait strictement, selon eux, à éviter l'obligation légale de relâcher au bout de 20 jours les sans-papiers accompagnés de mineurs, pouvant ainsi facilement échapper à leur jugement.

Après avoir visité un centre pour mineurs en Floride vendredi 22 juin, le sénateur républicain Marco Rubio a ainsi tweeté: "Nous ne devrions jamais revenir à une politique nous forçant à choisir entre séparer les familles ou relâcher tout le monde".

Donald Trump ne fléchit pas, accusant les démocrates et ses prédécesseurs d'avoir laissé se détériorer le système d'immigration, trop laxiste.

Face au nouveau report de la réforme sur l'immigration, il a appelé les républicains à "arrêter de perdre leur temps sur l'immigration jusqu'à ce qu'on élise plus de sénateurs et de membres de la Chambre (républicains) en novembre", lors d'élections qui renouvelleront tous les sièges de la Chambre et un tiers de ceux du Sénat.

"Cruauté"

Des chaussures d'enfants disposées devant le poste-frontière de Tornillo près d'El Paso, aux États-Unis, lors d'un rassemblement contre les séparations de familles de migrants, le 21 juin.
Des chaussures d'enfants disposées devant le poste-frontière de Tornillo près d'El Paso, aux États-Unis, lors d'un rassemblement contre les séparations de familles de migrants, le 21 juin.
Photo: AFP/VNA/CVN

Certains parents sans-papiers ont déjà pu retrouver leurs enfants dans des scènes poignantes, mais l'administration reste floue sur les chiffres.

"Je t'aime", murmurait une mère guatémaltèque en larmes en prenant dans ses bras son petit garçon de sept ans qu'elle a retrouvé vendredi matin 22 juin, à l'aéroport de Baltimore. Ils auraient été interpellés le 19 mai, selon des médias américains qui ont filmé la scène.

Le sort des mineurs semble avoir ému jusqu'à la Première dame, Melania Trump, qui a en partie poussé son mari à signer son décret, du propre aveu du président, et a rendu une visite surprise jeudi aux enfants d'un refuge au Texas.

Si ce décret met fin aux séparations, son alternative scandalise également.

"Nous nous opposons à la séparation des enfants de leur famille à des fins de contrôle migratoire, mais nous nous opposons également aux détentions", a affirmé vendredi 22 juin un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), Christophe Boulierac.

"Le décret remplace la cruauté des séparations des familles par la cruauté des détentions de familles", dénonce Matt Clausen, de WOLA.

Le nombre de migrants fuyant pour la plupart la violence endémique en Amérique centrale ne semble en tout cas pas prêt de diminuer.

Le Pentagone a reçu l'ordre de se préparer à héberger sur des bases militaires 20.000 mineurs migrants non-accompagnés par des adultes et, selon le magazine Time, l'US Navy envisage d'ériger des camps sur des bases aériennes désaffectées pour détenir des dizaines de milliers de migrants supplémentaires dans les mois à venir.

AFP/VNA/CVN

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