BCE: suspense sur l'avenir des rachats de dette

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait mettre fin jeudi 14 juin à un long suspense en programmant l'abandon de son vaste soutien à l'économie, à moins que les menaces sur la zone euro ne la forcent à différer sa décision.

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Le siège de la BCE à Francfort.

Contrairement à ces derniers mois, la réunion de politique monétaire tenue à Riga, en Lettonie, "s'annonce très excitante", promet Carsten Brzeski, économiste chez ING Diba.

Nouvelles prévisions économiques en main, la BCE devrait maintenir ses taux au plus bas mais surtout se pencher sur l'avenir du "QE", soit les rachats de dette publique lancés en 2015 et auxquels se sont rajoutés les instruments de dette privés en 2016,pour éviter que la zone euro ne plonge dans la déflation.

Dans un contexte désormais marqué par une inflation modeste et une croissance soutenue, ceprogramme se poursuit au rythme de 30 milliards d'euros par mois au moins jusqu'à septembre prochain, et a porté à ce jour sur plus de 2.400 milliards d'euros.

L'institution de Francfort s'est jusqu'à présent appliquée à temporiser, au point que son président Mario Draghi a assuré lors de la dernière réunion d'avril qu'il n'avait pas du tout été question de la sortie du QE.

De Trump à l'Italie

Mais Peter Praet, le chef économiste de la BCE, a envoyé mercredi dernier 6 juin un signal remarqué en annonçant que l'institution devrait évaluer jeudi 14 juin "si les progrès réalisés jusqu'ici ont été suffisants pour justifier un dénouement progressif de nos achats nets d'actifs sur le marché".

Traduction: "même les +colombes+ de la BCE", favorables au maintien d'un soutien appuyé à l'économie, "semblent s'accommoder d'une fin progressive du QE cette année", estime Carsten Brzeski, à l'unisson de la plupart des analystes.

Reste que le contexte en zone euro se complique, avec une progression du PIB redescendue à +0,4% entre janvier et mars par rapport au trimestre précédent, contre +0,7% pour la période d'octobre à décembre 2017.

Dopée par les prix du pétrole, l'inflation a quant à elle grimpé à 1,9% en mai dans l'ensemble de la zone, pour se rapprocher de l'objectif "proche mais inférieur à 2%" fixé à la BCE. Mais en excluant l'énergie et l'alimentation, les prix ont plus modestement progressé de 1,1%.

Parallèlement aux données macroéconomiques, le conflit commercial s'est envenimé entre les États-Unis et leurs principaux partenaires, laissant redouter un engrenage de sanctions susceptibles de peser sur la conjoncture.

Arrêt ou recalibrage?

Enfin, l'arrivée à la tête de l'Italie d'un gouvernement clairement eurosceptique et anti-austérité a ravivé les craintes sur l'énorme dette du pays, qui représente un quart de la totalité de l'endettement public en zone euro.

S'il semble acquis que la BCE va discuter du QE, sa décision reste incertaine: "nous pensons qu'un +arrêt flexible+ des rachats d'actifs est plus probable qu'un engagement inconditionnel d'arrêter le QE à une date donnée", pronostique Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management.

Mario Draghi (droite) en discussion avec Jean-Claude Juncker (gauche), le 23 mars à Bruxelles.

L'institution pourrait annoncer un nouveau "recalibrage" du QE à la baisse jeudi 14 juin, soit son extension mais à un rythme ramené à 10 milliards d'euros par mois au moins d'ici décembre, renchérit Carsten Brzeski.

D'autres observateurs parient sur une annonce dès jeudi 14 juin d'un arrêt des achats nets sur le marché "d'ici la fin de l'année", "en dépit des craintes sur l'Italie", selon Capital economics. Pour Jörg Krämer, de Commerzbank, la BCE pourrait pour cela "pointer des données encourageantes sur l'inflation".

Tous s'accordent néanmoins sur un point: il faudra encore attendre pour que la BCE précise le calendrier de son premier relèvement de taux, elle qui a toujours affirmé que cette décision interviendrait "bien après" l'abandon du QE.


AFP/VNA/CVN

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